Hugues ALLAMARGOT
Né en France en 1969 - Vit en France
Les œuvres de Hugues Allamargot se manifestent en premier lieu par l’utilisation quasi systématique d’éléments disparates appartenant à des registres souvent éloignés. Ainsi, masque de plongée, figurines en plastique, bassines, capes à oiseaux se côtoient, s’assemblent pour générer des œuvres hétérogènes dans leur élaboration et dans les sujets qu’elles abordent. Un fil conducteur, l’ironie, permet de les réunir et de leur conférer une identité plastique propre à leur auteur. Hugues Allamargot serait en quelque sorte un bricoleur astucieux, héritier de Dada et de Tinguely, se jouant avec beaucoup de dérision et parfois de cynisme, des sujets qu’il aborde.
Le manège désenchanté est une œuvre de 1995, réalisée spécialement pour une exposition organisée au Centre d’Art Contemporain de Meymac. Elle se constitue d’un plateau sur lequel sont fixés des personnages en plastique issus de l’univers du jouet. Ce plateau, posé sur une caisse claire de batterie et coiffé d’une cymbale, se met en rotation lorsqu’on actionne une pédale.
Le mouvement ainsi créé s’accompagne d’une ritournelle de boîte à musique, alors que les figurines, représentant des squelettes et des « aliens », tournent sur elles-mêmes, éclairées par de petites ampoules de guirlande de Noël. Détournant l’image du Manège enchanté, émission ayant bercé notre enfance, Hugues Allamargot met en exergue une vision contemporaine du jouet dont la fonction ne serait plus de faire rêver mais de répondre à une imagerie issue du cinéma fantastique. Par ailleurs, l’utilisation de la caisse claire, de la cymbale et de la pédale, si elle est un élément autobiographique (Hugues Allamargot est batteur), renvoie à l’idée de caisse de résonance et le son – ici virtuel – de la batterie entre en opposition avec la douceur de la musique produite par l’œuvre. Dès lors, une correspondance s’établit avec les monstres utilisés puisqu’ils ne sont en définitive que des jouets inoffensifs. Il s’agit donc dans cette œuvre de retourner les codes les plus évidents (son et image) en leur parfait contraire.