Olivier AGID

Né en France en 1951 – Vit en France

Elément d’un travail pictural, Page, est un extrait d’une recherche multiforme et multimédia. Recherche et interrogation sur le perpétuel mouvement d’un monde que l’homme façonne et modifie par le biais de technologies sans cesse renouvelées. Mais la question insoluble reste la communication, puisque le verbe est humain. La démarche artistique d’Olivier Agid est guidée par l’envie d’émettre. Il fait de son travail non pas un langage, mais fait référence à une codification évocatrice des outils médiatiques.
Page est une page du monde. Et si ce substantif possède une sonorité poétique, cette œuvre n’est pas à envisager comme un extrait romanesque mais plutôt simplement comme un reflet d’informations qui voyagent dans tous les sens en verticalité et horizontalité, ici et ailleurs, urbi et orbi. En développant ce rapport entre l’image et le monde qui nous entoure, l’artiste crée une mise en situation de ce mouvement universel, technologique et humain, dans un ensemble volontairement chargé, avec une multitude d’images, description synthétique de l’environnement et des comportements.
De sa formation classique de peintre et dessinateur, Olivier Agid conserve une maîtrise de la couleur et des mélanges. Mais à la peinture, il associe à sa quête un environnement photographique et de dessin. Afin de donner à son œuvre une texture particulière, et aussi pour lier les différentes techniques et supports utilisés, Olivier Agid utilise des craies à l’huile et des iodures métalliques. Outre des variations de reliefs, les iodures apportent une luminosité, ainsi qu’une profondeur rappelant des tirages photographiques sur papier métal. Les différentes épaisseurs de matière constituent une sorte de vêtement moderne et interactif, combinaison de cybernaute, dont les rugosités palpables sont autant d’accès à une autre réalité. Ce mélange de relief équilibre alors un rapport parfois trouble entre le monde animal, naturel et caché, et les productions artificielles de l’industrie. Immense planche contact en surimpression, Page offre ses perspectives iconographiques au spectateur. Mis en situation de regard multiple, il est comme un réalisateur de télévision devant une régie. Face à une réalité globale et mouvante, son approche et son regard construisent autant de réalités, multiples et virtuelles. Paradoxe absolu de la communication, ces possibilités exponentielles et cette diversité des outils médias aboutissent à un dialogue et à des informations virtuelles. Peut-on rester passif et spectateur d’un mouvement qui quadrille la toile – et la planète – ou bien doit-on choisir une direction et un support, ou bien encore construire sa propre réalité au gré de sa subjectivité ? Autant de questions, autant d’images et de lignes auxquelles on peut se brancher et se raccrocher, autant d’orientations possibles, en s’emparant d’aspects du monde de façon à la fois imaginaire et constitutive.

Laurent Rohr