BANDAU Joachim

Né en Allemagne en 1936 - Vit en Allemagne

Avec Richard Serra, Donald Judd, Dan Flavin ou encore Sol LeWitt, Joachim Bandau appartient à la génération des artistes minimalistes qui, en réaction à l’Expressionisme Abstrait et au Pop Art ont prôné la forme pour la forme. À la fin des années 1960, Joachim Bandau réalise des contenants en polyester laqué s’apparentant à des cercueils et des sarcophages. Il développe ensuite une série de Bunkers en acier. Depuis les années 1990, il emploie la peinture et l’aquarelle pour donner forme à des blocs de matière noire auxquels il juxtapose des filtres transparents rappelant non seulement la radiographie, mais aussi les compositions suprématistes de Malevitch. Après l’exposition de ses célèbres automobiles et sculptures en déplacement à la Documenta 6, 1977, Joachim Bandau radicalise sa sculpture, la pousse vers l’abstraction, avec les “Bodenskulptur” (sculptures de sol), tour à tour “Bunkers” (en plomb ou acier), “Särge” (cercueils), ou “Mumienkästen” (sarcophages). Il poursuit ainsi son étude de la place de l’homme dans l’espace et de la condition humaine. Le bunker est l’architecture de guerre la plus répandue (14000 bunkers en béton ont été construits sur les cotes des territoires occupés entre 1941 et 1944), la plus standardisée, héritée du Bauhaus. Ce qui intéresse Joachim Bandau, est ce qui se passe en dessous et que l’oeil ne peut voir. Successivement, il érige les formes souterraines ou les engloutit.
Bandau débute son travail autour des Schwarz-Aquarelle (ou Black Watercolors) en 1983. « Le regardeur décode l’œuvre à l’envers. », livre l’artiste, évoquant la composition de ces peintures à partir d’une multitude de peintures individuelles (parfois plus d’une quarantaine de couches), ainsi que le rendu fragile et liquide. « Chaque nouvelle surface est une réponse à la précédente, disposée selon un arrangement intuitif dans une séquence temporelle. Je passe parfois des mois, des années sur une oeuvre. » En regardant de près, les Black Watercolors ne sont pas parfaitement rectilignes, mais présentent des coins courbés et des lignes tracées à la main qui serpentent subtilement. La superposition des couches d’aquarelle est de l’ordre de la sculpture, comme une masse en train de s’ériger. Des formes apparaissent, l’espace se divise selon le point de vue du spectateur. On peut également y voir des films photographiques accidentellement décalés, aux contours brouillés par des mouvements soudains et erratiques. Ou bien des éclats de verre étalés comme des cartes en éventail. C’est une durée enregistrée sur le papier comme les débuts du cinéma et la chronophotographie. Purement techniquement, on peut rapprocher ce travail des peintures de Kazimir Malevich, Josef Albers, et Dorothea Rockburne. Plus profondément, le travail se rapproche des installations lumineuses de Robert Irwin ou des sculptures translucides de Christopher Wilmarth, notamment par l’interaction entre la lumière ambiante et le néant. Les Watercolors oscillent entre pénétration de la lumière et réflexion. Ce sont des études autour de l’envahissement et de l’isolement. La continuité du travail de sculpture.