Kate BLACKER

Née en Grande-Bretagne en 1955 - Vit en Grande-Bretagne

Question : Je vais commencer par une évidence : tu utilises la tôle ondulée. Pourquoi et quand as-tu commencé ?

Réponse : Entre 1977 et 1978, j’ai travaillé sur une série de sculptures. J’employais le papier, soit en feuille, soit directement du rouleau. Pour développer ce travail, j’ai cherché un matériau plus durable et aux possibilités plus nombreuses ; j’ai pris des plaques de métal plat. Mais le passage entre les deux matériaux n’était pas facile. J’étais attirée par la tôle ondulée, pour son mouvement défini et pour ses connotations de construction urbaine.

Question : Est-ce que le mouvement ondulé de la tôle n’est pas justement trop présent. Et en plus un mouvement si monotone ?

Réponse : L’ondulation est presque le mouvement le plus simple qui existe. Le négatif d’un côté est le positif de l’autre. De plus, l’ondulation donne au métal une qualité entre la deuxième et la troisième dimension, une ambigüité que j’utilise beaucoup dans mes sculptures…

Question : Peux-tu me parler un peu plus de l’intégration de ce mouvement dans ton travail ?

Réponse : J’utilise la tôle dans sa forme originelle ou lorsqu’elle est tordue, trouvée dans les chantiers et les terrains vagues. Avec les paysages, j’essaie de lier les mouvements du métal avec mes méthodes de construction : découper et arranger un puzzle, découper et plier le long des sillons. La surface du bidon de « 360° », symbolise la surface ondulante de la terre, dont les reliefs plus abrupts, les montagnes, sont découpés et pliés vers l’extérieur.

Question : Et avec les tôles tordues ?

Réponse : Là, pour la plupart, mes sujets sont les femmes. Je garde le métal comme je le trouve, « déjà sculpté » ; il ressemble à un bout de papier froissé. La peinture marche comme un révélateur, pour faire sortir et clarifier les formes. Mes sculptures sont souvent une alliance entre le métal tordu et le métal non tordu.

Question : Donc, tu n’utilises pas des matériaux de récupération à des fins sociologiques ou économiques ?

Réponse : Je mets plutôt en question le problème de « comment faire une sculpture ». C’est-à-dire la responsabilité de l’imposition d’une forme…

Extrait du cat. « Once remove »
Martine Sadion