Georges BRU
Né en France en 1933 - Vit en France
À l’angoisse Georges Bru su donner un semblant d’ordre, une mesure de raison, une dimension familière où chacun peut reconnaître la sienne. Ce qui n’exclut pas une théâtralité qui circonscrit son discours mais surtout le draine vers une unité de lieu qui en renforce le sens. Il y excelle aux spectacles d’une suavité maladive. Jeux de soie et de l’ombre, des drapures et des plis, des frissons et du silence. Sols feutrés, de sable ou de cendre. Indécision aussi des contours de l’atmosphère, tant il est vrai que pour être scénique le lieu n’est pas nommé. Simplement suggéré. Il ne s’y passe rien de notable, de remarquable, de vraiment descriptible, mais presque toujours il s’y prépare un mouvement, une plongée. Plus lointaine encore, et vers quel enfer douçâtre ? On imagine le crissement de la soie qui se déchire, le glissement insidieux de la lame qui va entailler une chair, le frôlement inquiétant de l’animal qui s’enfonce dans les coins les plus reculés de l’espace offert à notre rêverie et se noie dans l’ombre dont il épouse déjà l’incertitude. Alors que dans l’expression de la souffrance tant d’artistes actuels s’appuient sur le cri, donnent dans l’outrance, sont tentés par l’accent, Georges Bru feutre son propos jusqu’à l’absence. Le cri est muet, s’efface à peine prononcé. Ne reste plus, sur la toile, que la trace de ce qui fut la tragédie ; à moins que, suspendue dans l’éternité la menace qui nous effraie, ne nous guette, pour fondre sur nous à notre première faiblesse. Alors gardez l’œil.
Jean-Jacques Lévéque