documentation céline duval
Née en France en 1974 - Vit en France
Sous le nom de «documentation céline duval», Céline Duval constitue depuis 1998 un fonds photographique de clichés amateurs, de cartes postales et d’images découpées dans la presse. Numérisées, restaurées, combinées par thèmes, publiées ou exposées, ces photographies, le plus souvent anonymes, sont rendues visibles et accèdent à un nouveau statut. Tendant un miroir à une certaine pratique photographique, documentation céline duval désigne au passage des stéréotypes visuels et la force plastique de l’image, à l’instar des performances sportives réunies dans la série Trophées. Déployer les images, les rendre au désir, revitaliser leur imaginaire : le travail de Céline Duval, qui opère en tant qu’artiste sous le nom documentation céline duval, cible précisément ce dévoilement de foyers d’énergie dans ses archives photographiques. Photographies d’amateurs, images de magazines ou photographies prises par l’artiste elle-même : cette matière passe d’abord par un regard qui collecte puis rejette ou garde, classe et hiérarchise, met en relation, comme pour mieux s’approprier et comprendre le monde. L’approche sociologique de l’œuvre ne suffit pas ici, même si Céline Duval nous propose aussi un miroir de la société : à l’horizon des images de Céline Duval, se discerne moins l’Histoire ou l’évocation d’une époque, que le corps et son écriture dans l’espace. L’artiste efface d’ailleurs les marques de vieillissement que le temps porte à la surface photographique par un minutieux travail de restauration, pour mieux regarder au présent ces êtres en plein envol ou portant le monde, ces figures qui convoquent l’air, la terre, l’eau et le feu. Dans cette élection d’images reliées au corps et au geste, Céline Duval rejoint alors la performance, une forme artistique qui médite volontiers sa capacité à restituer la puissance éphémère – magique – de l’action. La série photographique intitulée Les Trophées (2011) compile des performances sportives en plein air. Dans ces clichés amateurs, restaurés et imprimés en grand format sur plexiglas, les corps se découpent nettement dans le cadre : lignes bandées des silhouettes en solo ou figures géométriques des exploits collectifs, la photographie capte une matière sculpturale spatialisée dans le paysage. Céline Duval fouille ici l’abstraction latente propre à ces images, en même temps qu’elle succombe à l’énergie tendre de ces édifices de chair, à l’expression ludique d’un dépassement de soi, en équilibre entre ciel et terre. Des Trophées se dégage un charme intimiste et familial, où le plaisir des corps domine, sous-tendus par une solidarité du groupe. Pierre Leguillon évoque «le bonheur promis par les congés payés, immortalisé par la technique à la portée de tous » : mais au-delà de ce contexte, de façon très universelle, c’est la joie des corps en vie qui traverse cette série, dont chaque image condense une nécessité d’être au monde.