Denis FALGOUX

Né en France en 1959 – Vit en France

La vie de Denis Falgoux se partage depuis des années entre une pratique artistique personnelle et un travail de décorateur de cinéma. On l’a vu notamment collaborer à plusieurs reprises avec le réalisateur Cédric Klapisch dans plusieurs longs métrages.
Jusqu’en 1985, dans le contexte de sa pratique de plasticien, Denis Falgoux s’attachait essentiellement à la représentation de la figure humaine sur un mode narratif inspiré du théâtre. Depuis, il poursuit une recherche autour des formes apparemment simples, dont certaines furent inspirées, à un moment donné, de symboles issus du champ formel de la chrétienté médiévale : poissons, arches, têtes, sarcophages de Saint-Floret, clefs de voûtes… Ces éléments, bien loin d’entretenir une relation littérale à l’idée de religiosité ou cultuel, avaient pour principal attrait d’évoquer à chaque fois l’idée de passage, de sublimation ou de transfiguration. Ces notions restent omniprésentes dans les œuvres plus récentes de Denis Falgoux, menées par des moyens à la fois réduits et complexes, à l’instar de l’œuvre Sans titre datée de 1996. Réalisée par marouflage sur bois d’un papier imprégné d’encre typographique, cette peinture entretient d’étroites relations, ici encore, avec le champ de l’art religieux. En effet, les quatre formes oblongues peintes sur papier marouflé sont en fait la résultante de l’empreinte d’une planche de bois recouverte d’encre puis découpée en quatre parties reconfigurées différemment sur la surface du châssis. Il y a donc dans cette œuvre une préoccupation tout à la fois liée aux idées de polyptyque, d’empreinte, de retable, notions omniprésentes dans l’histoire de l’art religieux.
Par ailleurs, cette œuvre a la particularité d’entretenir un rapport spécifique à l’espace. Il s’agit pour Denis Falgoux d’intégrer un volume vertical – la planche de bois – dans une surface délimitée en morcelant ce volume et en répartissant les différents éléments de manière à constituer une peinture structurée. La surface ainsi obtenue joue fortement des éléments constitutifs de tout tableau, à savoir son orthogonalité et ses contingences spatiales délimitées par le format. L’empreinte de la planche semble s’extérioriser du cadre et du tableau, sur la gauche et la droite, procédant ainsi à une ouverture spatiale du tableau, intégrant de fait l’œuvre dans son environnement immédiat. En outre, Denis Falgoux modifie le format traditionnel du tableau en procédant à un décrochement du châssis sur la partie inférieure droite, comme si, en définitive, la forme imprimée ne pouvait être contenue entièrement à l’intérieur du tableau. C’est donc en définitive le tableau qui semble devoir se plier aux contraintes du motif. Enfin, si l’on inverse mentalement la partie gauche et la partie droite du tableau, pour faire coïncider les deux motifs peints aux extrémités, on retrouve, en haut et en bas, un décrochement du châssis identique à celui déjà présent sur le tableau.