J. Gérard GWEZENNEG

Né en France en 1942 – Vit en France

En dépit des similitudes formelles, le dessin de Gwezenneg – qu’il considère lui-même comme son travail premier – tend de plus en plus à échapper aux « proliférations » et aux accumulations qui forment le registre superbement hétéroclite de sa gravure et de ses compositions de pâtes à papier.
Il s’agit là d’une mise en marge d’une perception globale, d’un retour à une homogénéité primordiale qui ouvrent le « dessin » à des choix de présentation non signalés, à priori, lesquels joueront par leur secrète programmation et à postériori seulement, sur la réserve blanche de l’accrochage. De là ces œuvres modulables directement ou ces formats incitant à de constantes focalisations : au contraire des techniques employées parallèlement et qui restent hautement circulaires puisque tributaires de la première formulation.
C’est un travail de mises au point successives de formes non hiérarchisées suscitées par le support même, lequel obéit à une multiplicité de fonctions dont la mise en éveil d’un langage anti­modulaire et la mise en espace du champ des métamorphoses. Il y a cette écriture du support aux grammaires mobiles ; d’où le report actuel de ce travail sur des échantillonnages de pâtes à papier, sur des déchets de gravures malaxées et moulées, sur des supports revisités par des estampages ou des témoins de travaux abandonnés comme autant de coups de pouce du hasard. Le dessin retourne alors à la matière qui le sous-tend, lui rend sa place d’objet d’investigation en même temps que de véritable sujet du signe.
C’est aussi en cela qu’il reste résolument figuratif : dans cet équilibre du trait restituant les moindres parcelles d’un processus dynamique bien plutôt qu’asservi à une représentation dont on ne sait trop ce que Gwezenneg craindrait le plus : son aspect fictif ou son côté définitif…

Patrick Hébert