Jean HELION
Né en France en 1904 - Décédé en 1987
La rumeur de la ville est atroce. La face des journaux, décourageante. La menace atomique et les hypocrisies qu’elle suscite, désespérante. Je l’avoue cependant, je goûte la splendeur vulgaire et solaire des citrouilles. Je m’exalte à celle, insurpassable des nudités, aux voix d’enfants, aux frémissements des branches enlacées. Les yeux ouverts, sensible aux déchéances, la bouche ouverte pour crier, mais c’est un chant qui en sort. Arbre ancien, déchiré des foudres, j’abrite encore des oiseaux charmeurs. Je voudrais le dire ingénument, sans brouhaha bravache, sans gémir. Avec chaleur.
Le ciel est par dessus les toits, pollué, obscur.
La vie est là, complexe, repoussante.
La voix des poètes me touche infiniment. L’aventure de vivre, malgré tout, me charme.
Déconnè-je ou bien est-ce, enfin, toute la vérité ?
Hélion, 11 novembre 1983
in « Note de Carnet », Catalogue Galerie Flinker, 1983