Haavard HOMSTVEDT

C’est à l’occasion d’une résidence de plusieurs mois à la Cité Internationale des Arts de Paris que Haavard Homstvedt a réalisé cette grande peinture. L’atelier qui lui avait été confié dans le Marais était situé géographiquement au croisement entre un centre artistique et un centre religieux. Une grande partie des œuvres réalisées durant ces mois de résidence ont principalement été inspirées par l’environnement local, les formes observées dans la rue, etc. Ses oeuvres emploient de multiples techniques, peinture, dessin, sculpture qui elles-mêmes procèdent d’un mixage d’époques et de mouvements artistiques qui vont du symbolisme à l’expressionnisme, en passant par le suprématisme de Kasimir Malevitch au Pop Art. L’art de Haavard Homstvedt est habité par une poétique qui puise dans le champ de l’histoire de l’art un registre lexical large et très hétérogène. Ainsi, ce groupe de trois prêtres, sans doute aperçus à proximité de l’atelier, devient-il le prétexte à une représentation qui, loin de tenter de rendre compte avec exactitude de la scène observée, s’emploie à insuffler à cet instant la dramaturgie propre à une collision de genres artistiques. Le flottement des tissus, la béance et le feuilletage des pans de l’aube des prêtres deviennent le territoire d’un exercice de peinture où les aplats jouxtent les surfaces matiéristes, où la liquidité de la peinture répond à sa matière la plus dense. Les corps et leurs vêtements, structurés comme un assemblage abstrait, portent des visages dont les expressions et les regards semblent comme dissimulés derrière des masques de cire.

Jean-Charles Vergne