Corinne JONVAUD

Née à Clermont-Ferrand en 1964

L’œuvre intitulée Echo, datée de 1995, se compose de onze lignes elles-mêmes constituées chacune de deux plaques fines de verre enchâssant une lame de plomb au milieu de laquelle est pratiquée une incision dévoilant du silicone. La première approche est matériologique car l’on passe sur chacune des lignes de Echo d’un matériau dur et fragile à un matériau dense et modelable puis à un matériau mou et élastique. Chaque ligne propose un double mouvement allant d’une part de chaque extrémité vers le centre et, d’autre part, du centre vers une dimension plus interne de l’œuvre dévoilée par l’ouverture pudique en forme de bouche ou d’orifice organique pratiquée au centre des lames de plomb. Chaque lame instaure ainsi un mouvement de flux et reflux. L’ensemble des lignes, quant à lui, génère un mouvement de va et vient de haut en bas et inversement. Il est donc bien question d’écho dans cette œuvre, les matériaux se répondent les uns aux autres par des différences de densité, par des écarts visuels allant de la transparence au translucide en passant par l’opacité mais également par les reflets présents sur les lames de verre, qui impliquent un effet de miroitement de l’environnement extérieur et soulignent la présence du mur d’accrochage.
Par ailleurs, et de façon plus immédiate, l’écho suggéré par le titre est aussi celui des orifices, assimilables à des bouches s’adressant simultanément au spectateur et se répondant entre elles, générant en somme une polyphonie que l’on pourrait comparer à celle du plain-chant médiéval. Cependant, le silicone déposé dans chacun des orifices semble devoir empêcher, ou tout du moins contredire, contrecarrer, la possibilité mélodique de cette œuvre – ce serait alors une œuvre comparable à la musique de Perotin où les chœurs s’entrechoquent, tentent de se couvrir et de s’annuler mutuellement. Echo est une œuvre subtile, jouant de contrastes entre matériaux et mouvements, délicate par l’apparition pudique du silicone qui, dévoilant l’intériorité de chaque lame, se transfigure vers un état de sensualité et de séduction.