Rachel LABASTIE

Née en France en 1978 - Vit en Belgique

Neuf chaînes, reproduisant des attaches destinées aux esclaves, fixées au mur à l’aide de clous. Comme l’écrit Christian Alandete, «Rachel Labastie produit des installations dans lesquelles le corps est potentiellement contraint ou mis à distance, sans jamais être matérialisé. […] Elle répertorie les instruments de la contrainte, reproduisant en fine porcelaine blanche les fers des esclaves, transformés en singuliers trophées d’un passé colonial où coexistaient les hommes libres et ceux privés de droits. Sa réactualisation, sous une forme à la fois séduisante et néanmoins bien fragile, rappelle la permanence d’un esclavage dit « moderne » dans laquelle la femme est restée la principale victime1

«Les Entraves de porcelaine sont présentées sur des clous. A une même hauteur alignées, toutes différentes mais semblables par leur matière délicate et fragile et leur blanc immaculé. […]. Le corps par son absence est évoqué. Différentes époques, différentes contraintes pour une même finalité : l’asservissement. […] Dans Entraves, pas de cris. Pas de révolte. Juste de grands instruments de rétention en porcelaine blanche. Pareils à de grands bijoux. La porcelaine délicate et fragile suggère qu’elles ne pourraient être «portées» qu’avec une forme de consentement. Peut-être s’agit-il de ces entraves les moins visibles que nous portons pourtant tous, celles de nos « prisons » intérieures ? Nous sommes tous des esclaves. Nous inventons mille stratagèmes pour avoir l’illusion d’être libres, mais nos prisons nous rassurent. Peut-être qu’être libre c’est juste avoir conscience du poids de nos chaînes2

1- Christian Alandete, «La Disparition des corps», 2009.
2- Rachel Labastie, Caroline Engel, Entretien.