Claude LAGOUTTE

Né en France en 1935 - Décédé en 1990

J’ai dit Claude Lagoutte peint. Ce n’est pas vrai. Il fait comme s’il peignait. Et encore pas tout-à-fait. Ce que produit Lagoutte n’est pas de la peinture. Il n’en utilise jamais. Seulement des poudres de couleur diluées avec de l’eau. Ces poudres légères, si légères suscitent une transparence, une fluidité qui imprègnent si bien la toile envers/endroit. Qui teintent si bien le papier. Et toujours, toujours il commence en partant du haut. Comme une partition musicale.
Il découpe ses feuilles de papier (comme il découpait ses toiles) en lanières. Il les plie. Le résultat : de petits accordéons, des tresses. Il enduit ces formes de poudres de couleur. Du blanc, du gris ou du bleu, du rouge, du jaune, de l’ocre, du beige… Il défait la construction. Il colore avec une autre tonalité le minuscule espace resté vierge puisque recouvert au moment du premier passage de la couleur. Ce ruban dont la surface est radieuse et dense est une travée. Lagoutte recommence. Une nouvelle lanière. Ainsi jusqu’à la fin. Cela fait 20, 30, 40, 50, 100 travées assemblées horizontalement les unes aux autres à la machine par des coutures en zigzag.

Claude Bouyeure, in Cimaise no 171-172, Paris.