Christoph MEIER
Né en Autriche en 1980 - Vit en Autriche
C’est à l’occasion d’un exposition de Christoph Meier chez In Extenso, à Clermont-Ferrand, que cette installation a été acquise par le FRAC Auvergne. Comme le notait Martial Déflacieux dans le texte de présentation de cette exposition, « les références historiques qui nous permettraient d’éclaircir la pratique de Christoph Meier sont nombreuses (modernisme, minimalisme, abstraction), il est sans doute tout aussi efficace de s’en passer. Christoph Meier est peut-être même un des représentants d’une génération qui, utilisant sans complexe les outils (théoriques, plastiques), n’en oublie pas pour autant de les décloisonner dans l’objectif de libérer le spectateur du rapport esthétique dans lequel le 20e siècle les avait éventuellement enfermé.» En effet, s’il est possible de lire la vacuité de la projection opérée par les quatre appareils à diapositives et par le projecteur 8mm à l’aune de références à Mondrian, au Hard-Edge, au cinéma expérimental, etc., Setting#17 peut surtout être appréhendée dans la belle sensibilité de ses lumières vibratiles et de son chromatisme aléatoire, régi par la seule teinte des diapositives et du film vierges de toute image. L’œuvre de Christoph Meier, loin d’être le lieu de l’absence, est au contraire le support de toutes les projections mentales, fonctionnant, si l’on accepte cette analogie un peu forcée, comme les cinémas photographiés par Hiroshi Sugimoto, dont les écrans vidés de toute image par les temps de pose démesurés entraînent leur spectateur dans une forme poétique sensible. La nudité apparente de Setting#17, n’est qu’un simulacre qui dissimule une œuvre fragile dont une certaine forme de nostalgie n’est pas exclue, portée par l’imprécision des rectangles de lumière aux lignes imprécises, par le clignotement de l’un d’entre eux dont les contours sont comme rongés, par l’ondulation de fibres piégées dans la gélatine des diapositives, par l’obsolescence des appareils de projection et par le son de leurs mécanismes. En d’autres termes, sous des aspects prompts à nous entraîner vers une dimension conceptuelle, cette œuvre semble bel et bien être parcourue par une forme de romantisme.
Jean-Charles Vergne