Amelie von WULFFEN
Née en 1966 en Allemagne – Vit à Berlin
Amelie von Wulffen est née près de Munich en plein miracle économique allemand. Elle a grandi pendant les « années de plomb », marquées par les Jeux Olympiques de Munich de 1972, la Fraction Armée Rouge (RAF) d’Andreas Baader et Ulrike Meinhof, le cinéma de Rainer Werner Fassbinder…
Entre 1987 et 1994, elle étudie à l’Académie des Beaux-Arts de Munich chez Daniel Spoerri et Olaf Metzel, puis s’installe à Berlin où elle vit et travaille aujourd’hui.
Très active dans le milieu intellectuel de gauche, Amelie von Wulffen ne produit pour ainsi dire pas d’œuvre d’art pendant plusieurs années. Elle publie des articles et tourne avec des amis quelques films animés, sculptant les personnages en pâte à modeler et réalisant les décors avec des cartons d’emballage.
C’est seulement après des années de travail en commun avec d’autres artistes et quelques expositions collectives, qu’Amelie von Wulffen a ses premières expositions, dont celle, marquante, à la Studiogalerie du Kunstverein de Braunschweig.
C’est probablement le travail développé avec les films qui a amené l’artiste à ses grands collages, qui l’ont fait connaître à un plus large public. L’inclusion de plusieurs photographies ou de reproductions qui caractérise ses travaux sur papier, constitue une technique picturale quasi cinématographique. Ce procédé lui permet de créer un espace pictural qui à première vue semble réel, alors qu’il réunit souvent des images à priori sans lien entre elles, comme un salon bourgeois et une piscine avec des baigneurs prêts à plonger. L’élément unificateur est la peinture acrylique qu’Amelie von Wulffen travaille dans la tradition expressionniste, avec de larges coups de pinceau qui libèrent l’oeuvre de la précision de l’image photographique.
Les autoportraits occupent une place importante dans son œuvre, bien qu’il faille forcer l’attention pour s’en rendre compte. L’image de soi est le motif le plus proche pour un artiste, un motif permanent – et toujours disponible. Amelie von Wulffen est son propre modèle dans la plupart de ses œuvres purement photographiques, et dans les collages elle se sert régulièrement de sa propre image – comme d’un matériau brut, manipulable à souhait.
Dans le plus récent en date, Sans titre, 2005, l’artiste est présente, le visage comme badigeonné de cirage, à peine reconnaissable, à travers un double autoportrait associé à des reproductions de verreries anciennes. Autour de la partie centrale de la composition, très dense de couleurs, elle a créé une sorte de cadre peint, très peu coloré, qui évoque légèrement le faux marbre, avec comme élément « décoratif » dans chaque coin une reproduction en noir et blanc d’autoportraits de Vincent Van Gogh. Sans vouloir se comparer au célébrissime néerlandais, elle a simplement détecté une angoisse dans son regard, dont on retrouve peut-être un écho dans le sien.
Jonas Storsve