AGNÈS GEOFFRAY

Prix 19,00 

Dès son commencement, l’œuvre Agnès Geoffray s’est appuyée sur une réflexion portant sur le statut de l’image photographique, sur la manière dont les images nous parviennent (ou ne nous parviennent pas), sur leur potentiel fictionnel, sur leurs puissances conjointes de vérité et de falsification. Sa pensée s’est constituée autour du statut de témoin accordé aux images, qu’il s’agisse de documents à valeur historique ou d’images vernaculaires issues d’archives. L’image a été et demeure pour elle une articulation à toutes les représentations associées à l’idée de violence, de victimisation ou d’emprise : dans les images mêmes se trouvent logés les ferments d’une manipulation – manipulation de l’image elle-même, dans ce qu’elle est censée transmettre, autant que manipulation du regardeur.

Agnès Geoffray est photographe mais une partie significative de l’iconographie qu’elle emploie s’effectue sans la photographie, par la récupération d’images d’archives dont elle n’est pas l’auteur, qui alimentent un travail d’ajustement, de montage, de retouche et de recontextualisation. Il y a donc des images qui, parfois, proviennent de ses propres prises de vues ; il y a des images qu’elle trouve et qu’elle utilise telles quelles ou en leur apportant de très subtiles modifications ; il y a des images agencées en montages cinématographiques. Il y a, aussi, des images manquantes, des œuvres sans images – principalement constituées de textes qui se substituent aux images. Son travail photographique s’accompagne aussi de films, de montages d’images en mouvement, d’installations et d’objets. Dans une note d’intention sur sa pratique, elle indique : « Dans une posture d’iconographe, je sonde, élabore et réactive les images. Par le biais de mises en scène, de réappropriations ou d’associations photographiques ou textuelles, je révèle un univers de tensions – latentes et mystérieuses. S’élaborant souvent au départ de sources d’archives, mes propositions résultent d’un processus de reconstruction fictionnalisée. Glanées au hasard d’un livre, d’internet ou d’archives diverses, je rejoue et réinvente les images qui nous environnent quotidiennement, amorçant ainsi des métamorphoses infinies et invitant le spectateur à reconsidérer sa mémoire. » Dans une autre note, elle précise les champs particuliers qui constituent les principales orientations de ses recherches : le caché, la dissimulation, la résistance, la disparition, la révélation, la pulsion scopique, l’Histoire et l’archive, l’emprise. On comprend intuitivement les liens qui unissent ces différents thèmes et il s’agira d’en dégager le sens précis par l’approche de quelques œuvres.

Jean-Charles Vergne
Directeur du FRAC Auvergne
Commissaire de l’exposition

Ce livre a été édité par le FRAC Auvergne à l’occasion de l’exposition Agnès Geoffray du 1er février au 3 mai 2020
Texte de Sally Bonn et Jean-Charles Vergne
Français/Anglais, format 30 x 24 cm, 192 pages
Reproductions couleur
Prix : 19 € TTC
ISBN : 978-2-907672-29-0