CHARLES POLLOCK

Prix 19,00 

Extraits du texte de Jean-Charles Vergne, « Partout, çà et là »

Il n’est pas rare de lire, dans les textes consacrés aux peintres habités par le sentiment particulier de la couleur, qu’ils sont des «coloristes», voire de «grands coloristes». […] Il y a un mystère de la couleur et de sa maîtrise, un mystère que les théories successives – celles d’Aristote, Newton, Chevreul, Goethe ou Albers – n’auront que partiellement dévoilé, trouvant dans la science des couleurs les préceptes chimiques et optiques des correspondances ou des mélanges sans jamais parvenir à saisir pleinement ce qui, chez un peintre, relève d’un génie de la couleur. […] Charles Pollock est un grand coloriste, d’autant plus subtil que ses couleurs ne se livrent pas de manière spectaculaire mais dans de subtiles compositions ou d’infimes débords qui parfois ruissellent à peine d’un motif à l’autre, dans une éclosion poétique telle qu’il suffit d’un regard un tant soit peu attentif pour comprendre que cette peinture n’a rien d’aride, bien au contraire. Cette qualité de coloriste – sans doute l’une des plus nobles pour un peintre – n’était pourtant pas donnée en soi dans son parcours. Il faut en effet souligner la manière tardive dont la couleur est advenue dans son œuvre, lentement et logiquement, au fil des décennies. Il est parvenu, en plus de cinquante ans de peinture, en partant d’une pratique initiale de graphiste, de typographe et de peintre réaliste, à faire de la couleur son territoire d’excellence de manière concomitante au passage de sa peinture vers l’abstraction, en assimilant les grands mouvements picturaux de son temps dont il a côtoyé les plus éminents représentants1 pour offrir aux spectateurs de ses œuvres une rencontre singulière avec la couleur, en marge des écoles et des dogmes.

L’œuvre de Charles Pollock est celle d’un cheminement patient vers la couleur ; elle témoigne d’une mutation longuement maturée de la figuration des années 1930-1940 vers une abstraction dont les premières manifestations n’arrivent que tardivement dans son parcours et s’accompagnent d’une utilisation nouvelle de la couleur. Il est âgé de cinquante-quatre ans lorsqu’apparaît la première peinture que l’on peut véritablement qualifier d’abstraite. Il s’agit de la série qu’il peint et dessine au bord du lac Chapala au Mexique à l’occasion d’une retraite de plusieurs mois qui s’avère déterminante. Les peintures de la série Chapala […] vibrent de la réminiscence des paysages du désert de l’Arizona peints à la gouache une dizaine d’années auparavant. […] Dès lors, je ne peux m’empêcher de déceler, dans tout l’œuvre de Charles Pollock, une relation constante aux sensations, aux souvenirs, aux espaces atmosphériques, aux éclats solaires diffractés traversant un champ de vision. Je vois des macules sur des fenêtres par temps d’averse, des trous béants comme des fosses abyssales, de vastes continents noirs dessinés par les contours de feuilles de papier déchirées comme un enfant bâtirait ses mondes imaginaires avec trois fois rien. […]

 

Charles Pollock
Textes de Karim Ghaddab et Jean-Charles Vergne
Français/Anglais –  format 30 x 24 cm – 164 pages – Editions FRAC Auvergne
Prix: 19 euros