Mathieu MERCIER
Né en France en 1970 - Vit en France
Mathieu Mercier a présenté un certain nombre de photographies issues de la série 100 cars on Karl Marx Allee à l’occasion de l’importante exposition qui lui a été consacrée par le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. Artiste au travail totalement protéiforme, usant tout autant de la sculpture, du design, de la photographie, de l’installation, Mathieu Mercier fait partie d’une génération d’artistes français apparue il y a un peu plus de dix ans dont la création repose sur une attitude totalement ouverte et décomplexée. Sans se soucier de ce qui peut être ou ne pas être utilisé et convoqué dans une œuvre, Mathieu Mercier procède de manière incessante au mixage d’influences et de références qui proviennent tout autant de l’histoire de l’art la plus établie (Marcel Duchamp et ses objets ready-made, les mouvements d’avant-garde) que de la culture la plus populaire (romans de science-fiction, films d’anticipation…). Avec la série de cent photographies intitulée 100 cars on Karl Marx Allee, il présente cent images réalisées en photographiant le reflet du ciel sur cent capots de voitures garées le long de la Karl Marx Allee, avenue qui permettait de passer de Berlin Est à Berlin Ouest. La photographie présentée dans cette exposition est l’une d’entre elles et donne une idée assez précise des différents thèmes qui se croisent dans cette grande série. La photographie acquise par le FRAC Auvergne est en effet suffisamment mystérieuse pour permettre au spectateur de saisir qu’il ne s’agissait en aucun cas pour l’artiste de contraindre son œuvre dans un registre plutôt que dans un autre. Prendre une photographie sur un site aussi symboliquement marqué n’est forcément pas anodin et la vue d’un capot de voiture garée là emmène immédiatement son flot d’interprétations, de la voiture comme symbole du capitalisme et de l’ouverture à l’économie de marché, à la voiture comme signe de la traversée possible, du voyage, de la fuite, en passant par le reflet du ciel dans le capot perçu comme symbole de l’évasion, comme image renouant avec un certain effet de la peinture romantique allemande… Sauf qu’ici, cette image se livre dans l’éclat étrange de ce flash de lumière, évoquant autant une aurore que la fulgurante lumière d’une scène extraite d’un film de science-fiction…