Cyprien GAILLARD

Desniansky Raion concentre les principaux thèmes qui parcourent le travail de Cyprien Gaillard depuis des années : esthétique de la ruine, empreintes de l’activité humaine dans le paysage, résurgences de l’histoire et de la modernité dans la période contemporaine. Le film, dont certains plans ont été tournés clandestinement, d’autres récupérés sur Internet, se décompose en trois parties précédées d’un plan d’introduction qui présente un gigantesque et triomphant bâtiment des années 70 situé à Belgrade.
Dans la première partie, tournée dans une cité de Saint-Pétersbourg, deux bandes de hooligans s’affrontent. La scène, par sa puissance, par l’organisation de l’affrontement, par sa violence codifiée, évoque le tumulte des scènes de bataille de la peinture d’histoire. La seconde partie, filmée dans une banlieue parisienne, montre la destruction d’une barre d’immeubles caractéristique de l’architecture d’après-guerre, dont l’effondrement est prétexte à l’organisation d’un spectacle pyrotechnique et sonore grandiose orchestré par le maire de la municipalité. Le spectacle s’achève par la pulvérisation de l’immeuble qui résonne comme la mise au tombeau de toutes les utopies urbanistiques et architecturales des années 50 et 60. La troisième partie, tournée à Kiev, clandestinement depuis un ULM, présente la désolation d’une autre banlieue et révèle, après quelques instants, l’architecture circulaire d’un ensemble d’immeubles disposés tel le monument mégalithique de Stonehenge, érigé en Angleterre entre -2800 et -1100.