Jean-Charles BLAIS
Né en France en 1956 – Vit à Paris
Le support utilisé par Jean-Charles Blais pour cette œuvre, comme pour la plupart des peintures réalisées à la même époque, est en soi un manifeste, une manière d’affirmer la volonté d’œuvrer sur des matériaux de récupération, en l’occurrence des affiches publicitaires, d’en valoriser la fragilité, de transcender leur statut initial de véhicule du consumérisme à outrance. Jean-Charles Blais détermine le format de ses œuvres par la surface d’affiches arrachées du mur. Le papier est ensuite peint avec une peinture industrielle qui vient renforcer l’absence de noblesse formelle de l’œuvre que revendique l’artiste. Le style est celui d’un graphiste, d’un grapheur, d’un dessinateur de bandes dessinées, et rejoint en cela la mise en avant d’arts dits mineurs pratiqués par d’autres artistes américains comme Philip Guston, Peter Saul ou Keith Haring.
Les sujets traités par Jean-Charles Blais sont généralement ancrés dans une représentation de l’individu contemporain, souvent peint sans tête, marchant ou courant dans des environnements urbains ou industriels assez semblables, par exemple, à ceux que filme David Lynch en 1977 dans son premier long-métrage Eraserhead, conte métaphysique nauséeux et kafkaïen (avec l’agréable coïncidence entre l’absence de tête des personnages de Blais et le sens du titre du film de Lynch signifiant littéralement « tête effaceuse »).
Jean-Charles Blais nous montre un personnage dont la tête tronquée est remplacée par une fumée identique à celle qui s’échappe de la cheminée de l’usine. Cette œuvre est une représentation de la résignation et de la désincarnation de l’individu écrasé par son propre progrès technologique.