Sylvain COUZINET-JACQUES

Né en France en 1983 - Vit en France

Sylvain Couzinet-Jacques, jeune diplômé de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles en 2012, interroge dans son travail une iconographie stéréotypée liée à des territoires et à des individus s’y inscrivant. Des États-Unis de la crise des subprimes à la crise immobilière espagnole, Sylvain Couzinet-Jacques revisite, ou plutôt réenchante nos seuils de perception des images. À travers une écriture affirmant un engagement documentaire tout en imposant de nouveaux codes esthétiques, Sylvain Couzinet-Jacques s’inscrit dans une nouvelle génération de photographes, à la frontière de plusieurs autres disciplines (vidéo, installations sonores…), tout en renouvelant le genre photographique prédominant dans son travail. La pratique de la photographie de ce jeune artiste formé à l’École de la Photographie d’Arles est résolument contemporaine, tant par le souci de la technique que l’originalité de sa mise en œuvre : photographies qui jouent avec les seuils de visibilité, voilées par des verres teintés qui rappellent les lunettes de soleil, surexposées ou sous-exposées jusqu’à perdre trace du motif représenté, parfois même maltraitées au point de rendre impossible une lecture plane et complète. Les images qu’il malmène sont toujours des signes de notre époque contemporaine dans sa face la plus sombre – fragments d’une ville américaine fantomatique, crise économique, émeutiers aux contours flous – comptent parmi les figures fortes qu’il déploie. La série Standards&Poors (sur la crise immobilière espagnole, série réalisée en 2013-2014) participe de ce travail partagé entre perception et fait de conscience, entre images mentales et représentations concrètes. Mais que l’on ne s’y trompe pas : malgré le caractère sombre et tourmenté de son travail subsiste l’émerveillement et le plaisir des formes et des couleurs. « Pendant plusieurs mois, Sylvain Couzinet-Jacques a parcouru l’Espagne en crise. Standards&Poors évoque quatre espaces désertiques. Des opérations immobilières pharaoniques sont sur le point d’y voir le jour. Ces projets de casinos, de golfs ou d’hôtels 5 étoiles évalués à plusieurs dizaines de milliards d’euros paraissent démesurés tant l’Espagne est parsemée de constructions inachevées, jusqu’à l’aéroport de Castellon ou la ville fantôme de Valdeluz. Il y a Eurovegas à Madrid, Barcelona World à Tarragone, Ferrari Park à Valence, Paramount Park à Murcie. Ces projets incarnent le nouvel Eldorado des promoteurs et des investisseurs, stupéfiantes projections, à l’heure où les stigmates d’une spéculation immobilière frénétique marquent encore le paysage. Standards&Poors explore au plus près les capacités documentaires de l’image photographique et leur inscription au sein d’un dispositif politique. Ces photographies sont protégées des rayonnements lumineux par des verres anti-UV réalisés spécifiquement. Le verre des images rappelle le fumé des lunettes de soleil. Les photographies sont ainsi parfaitement préservées des rayonnements lumineux. » (Fannie Escoulen)
Son travail a été exposé notamment au BAL, à Paris Photo et à la Galerie du Jour agnès b., au Salon de Montrouge et au festival Kyotographie en 2013, aux Rencontres d’Arles en 2012. Ses photographies ont été distinguées au Prix Leica Oskar Barnack et au Prix Science-Po pour l’Art Contemporain 2014. En 2015, il est le premier lauréat du prix Hermès-Aperture.