Raymond DAUSSY

Né en France en 1918 - Décédé en 2009

Né en 1918, Raymond Daussy s’est surtout fait connaître dans les années quarante, époque où il a participé aux activités du groupe Surréalisme-révolutionnaire. Sa trajectoire personnelle, pour autant qu’elle soit visible, est intéressante en ce qu’elle a intériorisé les dilemmes des peintres, des poètes de cette époque. Daussy est au cœur d’une pensée déchirée dont il est aisé de concevoir qu’elle pouvait porter simultanément tous les espoirs et bien des désespoirs : la condition ouvrière, l’évolution du stalinisme vers un réalisme-socialiste toujours plus obtus, le national-socialisme et la guerre, l’espoir révolutionnaire, le surréalisme et son désir de libération de l’esprit. Les raisons de peindre furent alors pour un certain nombre d’artistes toutes plus contradictoires les unes que les autres. La peinture figurative pouvait renvoyer l’image d’une prise de conscience politique immédiate plus forte, l’abstraction devenant une forme d’expression, à l’inverse, nettement évanescente et coupée de la souffrance des peuples. Pour beaucoup, la figure du rêve était devenue terriblement floue. Que pouvait bien se dire un peintre comme Raymond Daussy, proche du Parti Communiste Français, qui ne cessait d’osciller entre sa répugnance pour Hitler et son désir de solidarité avec une internationale prolétarienne, entre la poésie du réel qu’il ne pouvait oublier et la pauvre vie quotidienne si difficilement surmontable ? Ce n’est que beaucoup plus tard qu’il pourra exprimer son véritable tempérament, et il le fera aussi bien avec des mots qu’avec la peinture qu’il cherchait en lui. Provincial et de tempérament plutôt solitaire, il a continué d’écrire un certain nombre de notes dont l’arrière-plan reste teinté d’un sentiment poétique du tragique de la vie. La figuration, c’est moi. Et j’entends en administrer la preuve, me pliant chaque fois que cela sera nécessaire à l’obligation d’établir le moins d’écart possible entre mon rêve et sa projection visible.
« L’œuvre authentique constitue une matière inépuisable ou elle n’est pas. La représentation doit donc comporter une partie d’elle-même que les possibilités de consommation n’atteignent pas. Passé au filtre de la rêverie active, l’événement reste ce qui, indéfiniment, nous rattache au monde et à nous-mêmes. » (Raymond Daussy, 1984).