Musée Mandet

Les images sont inadmissibles – Rencontre entre les collections du FRAC Auvergne et du Musée Mandet

Du 5 avril 2019 au 13 octobre 2019

La confrontation entre art ancien et création contemporaine est toujours riche de sens. Ces rapprochements sont souvent l’occasion de constater à quel point certaines thématiques ou certains questionnements traversent l’histoire de l’humanité et de ses représentations. Dans cette optique, le musée Mandet accueille, pour la première fois, un ensemble d’œuvres du FRAC Auvergne.

L’exposition se veut une interrogation sur la nature des images, leur fonctionnement, leur éventuel détournement, ainsi que sur les conditions sensibles et psychologiques de leur réception. Il ne s’agit pas ici de prétendre à l’exhaustivité. L’intention est plutôt de décaler nos regards, de tenter d’analyser ce que les images produisent sur nous mais aussi de mieux comprendre comment notre perception et nos déterminismes en modifient le sens à l’heure d’internet, de l’information continue et instantanée, ces questions, très anciennes, sont devenues centrales dans nos débats de société.

Les images sont inadmissibles… C’est certainement le cas si l’on attend d’elles qu’elles soient un calque parfaitement objectif et impartial de la réalité. Sans doute les images sont-elles inadmissibles dans la mesure où elles ne traduisent que très rarement «ma» réalité mais plutôt «une» réalité. Une transmutation s’est opérée. Dans cette sorte d’alchimie, la réalité se trouve nécessairement métamorphosée : quand je suis face à l’image je ne suis pas face au réel. Beaucoup d’œuvres sont par ailleurs décontextua-lisées : dans quel lieu se trouvait cette peinture religieuse ? à quelle époque a-t-elle été créée ? Avec quelle intention a été prise cette photographie et où a-t-elle été publiée ? à qui et à quel lieu était destiné ce portrait ?…

Quelle que soit l’époque, les images peuvent aller jusqu’à la transgression, la subversion et l’on a vu que notre monde contemporain n’échappe pas toujours à leur condamnation. Cette exposition est aussi l’occasion de souligner que, souvent, l’image vaut pour ce qu’elle représente. Faire violence à l’image est déjà porter atteinte à son prototype. Trouver une image inadmissible c’est aussi se positionner face à sa culture, ses croyances, ses convictions… L’image fonctionne comme un miroir, elle me renvoie, de façon plus ou moins déformée, à ma propre identité.

Si les images sont inadmissibles, c’est peut-être que, le plus souvent, leurs intentions définitives nous échappent. La multiplicité de sens que nous percevons en elles fait que les images ont toujours été sujettes à caution. Elles ont pu provoquer la méfiance voire le mépris et susciter des accusations de séduction et de tromperie. Cependant, et l’exposition tente de le montrer, nous ne sommes pas toujours dupes. Face à la fable de l’image, bien souvent, nous suspendons volontairement notre incrédulité. Il existe un pacte fictionnel entre nous et les représentations du réel. Par ailleurs, notre sens critique peut être convoqué par l’image elle-même lorsqu’elle met en scène les ressorts de sa construction et finit par révéler ses propres artifices. Et même lorsque les artistes nous disent «Il était une fois», nous sommes complices et savons que notre croyance dans la fiction de l’image n’est pas totalement aveugle. Si elle est parfois trompeuse et inadmissible, l’image peut être aussi la pierre sur laquelle nous pouvons aiguiser notre conscience du monde.

Autres expositions cette même année

L'invention d'un monde - Photographies des collections Robelin

Martin Parr – Natacha Lesueur – James Welling – Jochen Gerz – Stephen Wilks – Thomas Struth – Thomas Ruff – Éric Poitevin – Elger Esser – Bruno Serralongue – Stéphane Couturier – Xavier Zimmermann – Thomas Schütte – Annette Messager – Jochen Gerz

 

Pour leur première collaboration, le FRAC Auvergne et l’Hôtel Fontfreyde – Centre photographique ont souhaité proposer à Anne-Marie et Marc Robelin d’exposer une partie de leur collection, élaborée depuis plusieurs décennies par ces passionnés d’art. Ce choix s’est naturellement effectué à la suite d’une remarquable donation d’une trentaine d’œuvres que la famille Robelin a choisi d’offrir au FRAC Auvergne en 2016, présentée ici pour la première fois au public.

L’acte de collection répond à des mécanismes forts différents selon qu’il s’agisse de bâtir une collection publique, comme le fait le FRAC Auvergne, ou de réunir un ensemble d’œuvres à des fins privées. Si la collection publique obéit à une volonté de dessiner un panorama le plus diversifié possible autour d’une identité définie, la collection privée se constitue selon des processus déterminés par d’autres facteurs.

La famille Robelin a depuis longtemps entretenu des liens d’amitié privilégiés avec les artistes présents dans sa collection. Ces liens, fondés sur les affinités humaines autant que sur l’admiration artistique, ont guidé leurs choix autour d’artistes vis-à-vis desquels ils ont souvent souhaité maintenir une fidélité indéfectible, acquérant leurs œuvres au fil des années jusqu’à constituer des ensembles exhaustifs de chacune des périodes de tel ou tel photographe, peintre ou sculpteur. La vision commune d’Anne-Marie et Marc Robelin, lorsque l’on évoque avec eux leur collection, est portée par le désir de vivre avec les œuvres, d’établir avec la création actuelle un dialogue sensible et profond, d’accompagner leurs vies par ce monde, inventé par les artistes et réinventé par la relation affective que ces collectionneurs entretiennent quotidiennement avec les œuvres qui les entourent.

C’est un honneur pour nos deux institutions de présenter ces œuvres réunies par une famille de collectionneurs et léguées pour partie à une collection publique afin que le plus grand nombre puisse désormais en bénéficier en toute liberté.

Lire la suite

IVAN SEAL / THE CARETAKER - Everywhere, an empty bliss

Cette exposition réunit le compositeur de musique électronique James Leyland Kirby, alias The Caretaker, et le peintre Ivan Seal. Ces deux artistes engagent une réflexion commune sur la question de la mémoire, ses errances, ses vacillements, ses dysfonctionnements.

James Leyland Kirby bâtit une œuvre musicale tournée vers l’exploration de ces notions, en s’appuyant sur les analogies qu’entretiennent les techniques de la musique électronique avec les mécanismes cérébraux du souvenir : phénomènes de boucles, de répétitions, montages et remontages anarchiques de données sonores et mémorielles. Avec les six albums d’Everywhere At The End Of Time conçus de 2016 à 2019, il pousse ses recherches sur les symptômes mémoriels en disséquant les différentes étapes menant à la folie. Son alter ego, The Caretaker, se perd peu à peu dans les méandres et les labyrinthes imbriqués d’une mémoire défaillante jusqu’au chaos.

Quant à Ivan Seal, sa peinture s’élabore selon un processus fondé sur le ressouvenir de peintures précédemment réalisées ou de souvenirs lointains. C’est une compilation hybride de souvenirs conscients ou inconscients issus de l’enfance, d’objets ou de peintures qui resurgissent sous la forme d’agglomérats, de montages de motifs provenant de sources diverses.

Cette exposition s’inaugurera quelques jours après l’ultime parution du sixième et dernier volume du cycle Everywhere At The End Of Time, marquant aussi, peut-être, la disparition définitive de The Caretaker, cet avatar créé par James Leyland Kirby vingt ans plus tôt.

Lire la suite