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L’économie du désir
Au cœur de notre système économique, l’instrumentalisation de la force du désir est assez tôt apparue comme un de ses puissants rouages. Sans jamais chercher l’accomplissement de ce désir, le système n’a eu de cesse de le démultiplier en autant de promesses de bonheur, d’horizons de satisfaction impossibles à atteindre. Surconsommation, tourisme de masse, épuisement des ressources terrestres, fuite en avant technologique se sont alors progressivement imposés comme les dérives de ce nouvel ordre mondial.
L’exposition L’économie du désir réunit une vingtaine d’artistes s’attachant à rendre visibles les conséquences d’un tel système notamment du point de vue environnemental, à l’image de ces structures en béton recouvrant des zones forestières au Japon prenant l’allure de gigantesques cataplasmes (Julien Guinand), de ces territoires en Espagne ravagés par la cupidité de grandes opérations touristiques (Sylvain Couzinet-Jacques) ou encore de l’atmosphère totalement désincarnée d’une ferme de vaches laitières autogérée par des logiciels informatiques (Sarah del Pino). Et dans la logique globalisante qui définit ce système, les artistes se font aussi l’écho de ses répercussions sur le plan humain : standardisation des comportements (Martin Parr), phénomènes d’aliénation (Cécile Bicler, Rachel Labastie), inégalité sociale (Paul Graham) ou encore impact des technologies sur la santé (Ismaël Joffroy Chandoutis)…
Face à cette situation, des scénarios alternatifs émergent en creux et tiennent la catastrophe annoncée à distance. Si le terme de désir est aujourd’hui largement dévoyé, cette exposition cherche à le penser à travers une nouvelle place, un nouvel imaginaire. Une économie du désir dans le sens d’une modération qui permettrait de ne plus le définir comme une force implacable à laquelle nous serions soumis mais comme une énergie, nouvelle, renouvelable et créatrice. C’est l’idée assez réjouissante que défend l’auteur Alain Damasio pour qui « se battre sur le terrain du désir » c’est donner envie de retisser du lien avec l’autre, avec le vivant pour imaginer un futur à nouveau désirable.
Laure Forlay
Commissaire de l’exposition
A venir
Hors les murs
Expositions passées
Laura Henno – M’Tsamboro
Le Frac Auvergne présente sa nouvelle exposition consacrée à la photographe et cinéaste Laura Henno, réunissant pour la première fois une partie significative du travail que l’artiste a réalisé ces dernières années au cœur de l’océan Indien.
Dès 2013, Laura Henno s’est immergée plusieurs semaines par an au sein de l’archipel des Comores pour rencontrer les communautés vivant en marge de ce territoire morcelé par une géopolitique complexe. Pour rendre compte au plus juste de ces populations invisibilisées, elle inscrit son travail sur un temps long et privilégie une démarche à la fois empirique et éminemment sensible. D’une rencontre à l’autre, d’un territoire à l’autre, Laura Henno construit patiemment son corpus qui se livre à la manière d’une histoire sans paroles. Ce silence est sans doute l’une des plus belles réponses face aux échos bruyants d’un monde qui semble avoir oublié la notion de nuance. Depuis près de quinze ans, cette notion ne quitte pas l’artiste pour mettre en forme, loin de tout discours complaisant ou stigmatisant, un récit de la marge qu’elle prend soin d’écrire avec et depuis ceux qui la vivent.
LES LOIS DE L’IMAGINAIRE
Collections du Frac Auvergne et des Musées d’Aurillac
À travers une riche sélection d’œuvres, Les lois de l’imaginaire souhaite mettre en évidence les liens unissant l’art et la science, deux domaines supposément opposés mais qui n’ont pourtant cessé de s’attirer et de s’influencer. De la figure de l’artiste savant qui émerge à la Renaissance aux artistes-ingénieurs d’aujourd’hui, les exemples ne manquent pas pour témoigner des influences réciproques qui s’exercent entre ces deux formes de la création.
Au XVe siècle, la mise au point de la technique de la peinture à l’huile par le peintre Jan Van Eyck apporte aux compositions des effets de lumière, de profondeur et de textures jusque-là inconnus. À la même époque, les progrès de l’optique dotent les peintures d’un réalisme sans précédent grâce à l’emploi de camera obscuras équipées de miroirs et de lentilles optiques. Mais c’est sans conteste l’invention de la photographie en 1827 par Nicéphore Niépce qui bouleverse définitivement le monde de l’art et ouvre la voie quelques décennies plus tard à l’un des courants les plus importants de l’art moderne : l’impressionnisme. L’émergence de celui-ci sera d’ailleurs favorisée par une autre invention concomitante, celle de la peinture en tube en 1841 par John Goffe Rand permettant aux artistes de sortir de leur atelier. Photographes et peintres partagent alors un même domaine d’exercice, celui de la lumière naturelle et une façon moderne de regarder.
Laure Forlay, Commissaire de l’exposition
UNE HISTOIRE DE FLEURS
Collection du frac auvergne
Peindre ou photographier des fleurs aujourd’hui rattache inévitablement les artistes contemporains à une longue tradition de l’histoire de l’art, qui commence dès le XVIIe siècle quand le motif floral s’autonomise et devient sujet à part entière au sein des représentations.
Ainsi, il faut sans doute voir dans la très grande délicatesse des aquarelles de Patrick Neu ou dans la profonde poésie des photographies de Rinko Kawauchi, une réminiscence de formes passées.
Pour les autres artistes présents dans cette exposition, il s’agit au contraire de se libérer plus nettement de cet héritage. En utilisant un motif rebattu de l’histoire de l’art, ils le délestent de toute forme de signification ou de symbolisme pour le considérer comme seul prétexte à la peinture.
Laure Forlay, commissaire de l’exposition
🌺Entrée gratuite – 10h-13h / 15h-18h30
Expositions passées
AccéderLe frac auvergne consacre à Noémie Goudal, récemment nommée au prix Marcel Duchamp, une importante exposition monographique intitulée Inhale Exhale, qui présentera ses dernières réalisations (photographies, films) aux côtés d’installations inédites produites pour l’occasion.
À travers un langage visuel unique, Noémie Goudal révèle des paysages poétiques et énigmatiques où les notions d’espace et de temps se fondent dans une réflexion profonde sur notre perception du monde. L’exposition Inhale Exhale invite ainsi le spectateur à prendre conscience des nombreux bouleversements qui ont agité la Terre depuis des milliards d’années et qui ont donné naissance à nos paysages actuels.
Laure Forlay, commissaire de l’exposition