AK DOLVEN

Née en Norvège en 1953 - Vit en Norvège et en Grande-Bretagne

Internationalement reconnue pour son travail de peinture et de vidéo, A K Dolven cherche dans ses œuvres à mettre en balance la position de l’individu en tant qu’être social et être naturel. Sans que l’on puisse pour autant qualifier son travail de féministe, la figure de la femme est récurrente. Se situant néanmoins au-delà d’une approche politique frontale, ses travaux ont régulièrement recours au paysage norvégien des îles de Lofoten, où se trouve un de ses ateliers, auquel elle confronte la figure humaine, qu’il s’agisse de celle de l’artiste ou de son modèle. Si elle a effectué une partie de ses études en France, notamment à l’école Nationale des Beaux-Arts de Paris, le travail d’A K Dolven a paradoxalement été peu montré en France au cours des dernières années.
Change My Way Of Seeing est le titre d’un ensemble de plus de deux cents peintures réalisées quotidiennement, dans la lumière matinale de l’atelier londonien au cours des deux dernières années. Peintes sur des plaques d’aluminium recouvertes d’un gesso traditionnel, ces peintures sont réalisées à base d’un mélange subtil de blanc de zinc et de cadmium appliqué au couteau sur la surface métallique du tableau. Jouant de la pression de son corps et d’accidents sciemment infligés au marteau sur la face intérieure ou extérieure de la plaque d’aluminium, l’artiste fait apparaître des effets de lumière qui ne sont pas sans rappeler ceux de son aïeul Peder Balke (1804-1887), surnommé le «Turner norvégien». Cet ensemble de deux cents peintures, appelé à se disperser dans plusieurs collections publiques et privées, forme ici, avec ses treize exemplaires acquis par la collection du FRAC Auvergne, une séquence qui peut être accrochée librement, en polyptyques verticaux ou horizontaux, ou de façon dispersée, selon la décision de celui qui procède à l’accrochage, selon l’espace imparti, selon la lumière du lieu. Envisagées comme ensemble, ces treize peintures rendent compte d’impressions lumineuses archivées chaque jour par l’artiste et constituent une sorte de journal de bord de perceptions oculaires où la luminescence matinale oscille entre les atmosphères brumeuses des cieux londoniens et l’aveuglement provoqué par les premiers rayons du soleil, fixés jusqu’à l’éblouissement.

Jean-Charles Vergne