Pierre LAFOUCRIERE

Né en France en 1927 – Vit en France

Après ses grandes toiles nourries de la maturité, Pierre Lafoucrière distille maintenant œuvre après œuvre, chacune comme un détail. Son geste focalise. S’il entraîne, il précise. Et le coup de pinceau est aujourd’hui, d’abord coup de crayon. L’acte y gagne en rapidité et l’œuvre en tension. C’est aussi un grand coup de jeunesse. Les premières bourrasques emportées, le souffle a pris une direction, le graphisme est ligne de force. Il se révèle trame nouvelle pour le peintre qui par là précise aussi sa vision. « Vent d’herbe », « Couleur du vent », la nature est le support d’un acte qui la dépasse mais dont elle cannait l’ordre : la création. « Aube », « Au commencement »: ces derniers titres signent l’évolution.
Espace et lumière libérés, c’est la fête, comme toutes les fêtes, réussie parce que mûrement préparée. Il fallait « bousculer tout ça » dit Pierre Lafoucrière, citant Matisse qui présentait de ces mots ses papiers découpés. Mais ce grand coup de vent ne s’abat pas dans le désordre. Pas plus que l’impulsion du geste ne fait perdre à Lafoucrière son contrôle. Il ne recherche pas le hasard, n’exploite pas l’accident – la coulure pour la coulure : non. Aller plus loin, se régénérer est un travail patient. La peinture est un métier et Pierre Lafoucrière un peintre de tradition. Aujourd’hui, les choses bousculées, décantées, il reste l’essentiel. Quand le besoin de dire plus directement se fait jour, il faut savoir aller droit au but. Pierre Lafoucrière l’a voulu. Et il l’a su.

Annick Pély-Audan in Cimaise, n°175, Paris.