Eric PROVENCHERE

Né en France en 1970 - Vit et travaille en France

Avec la série Massif, dont sont extraites les œuvres acquises par le FRAC Auvergne, Eric Provenchère s’est sans doute éloigné du cœur d’un propos résolument tourné, depuis des années, vers la couleur et vers la poursuite d’une réflexion historiquement importante qui prend ses sources dans l’abstraction américaine – Colorfield et Hard Edge notamment. Mais cet éloignement s’est incontestablement effectué au profit d’une sensibilité accordée à la matière et au matériau que l’artiste se refusait peut-être d’aborder ou d’assumer, ayant consacré jusqu’alors l’énergie de sa pratique à l’exploration de processus divers. Avec Massif et les titres généralement poétiques donnés à chacune des peintures qui en constitue le corpus, Eric Provenchère ouvre la voie au versant le plus sensible de son œuvre, renouant avec les affinités électives qui sont les siennes et qui, depuis longtemps, l’ont conduit à admirer d’autres artistes, sans doute plus inclassables, comme Richard Tuttle ou Raoul de Keyser. Peintures miniatures réalisées en empâtements délicats sur de simples morceaux de cagette en bois, les œuvres de la série Massif se livrent dans une fragilité assumée qui en appelle inévitablement à un assentiment du spectateur vis-à-vis d’une abstraction acceptant d’être doucement contaminée par une forme de romantisme et de fascination pour la beauté des matériaux. Comme le note la critique d’art Karen Tanguy, « cette appréhension du matériau prédomine dans les Massifs où touches de pastel gras et de bâton d’huile y sont apposées tout en souplesse… […] D’un processus plus spontané, cet ensemble est l’un des seuls où chaque occurrence dispose d’un titre propre encourageant ainsi certaines analogies. […] La relation textuelle et picturale des pièces de l’artiste suscite chez l’observateur des images mentales où il y perçoit une atmosphère de paysage, parfois métaphorique, parfois plus accidenté et tumultueux. » (Extrait du texte de Karen Tanguy pour l’exposition Tout ce que la main peut atteindre, La Tôlerie, Clermont-Ferrand, 2014)