Nils-Udo

Né en Allemagne en 1937

Pour Nils-Udo la photographie est une trace, un témoignage, ce qui reste d’un travail de sculpture qui se fait avec et dans la nature, et qui est amené dès lors à se transformer avec le temps, voire à disparaître. En novembre 2000 il a ainsi réalisé, dans le cadre d’un projet pédagogique, une série d’installations sur le site des orgues basaltiques de Lavoûte-Chilhac en Auvergne et sur les rives de l’Allier près de Brioude. La photographie acquise par le FRAC est le souvenir de l’une de ces installations, réalisée avec de la mousse sur les colonnes de basalte.
L’art de Nils-Udo est un art  » doux  » : alors que la sculpture traditionnelle taille, coupe, tranche le bois ou la pierre, modèle la terre et conserve les formes ainsi créées dans le bronze, ses oeuvres sont réalisées sans aucune agressivité à l’égard de la nature et des éléments naturels. Ses outils ne sont pas le burin, le ciseau ou la hache, mais le vent ou l’eau. Il ne frappe pas ses matériaux mais se contente de les assembler ou de les faire se rencontrer. Et ses matériaux sont des branches, des feuilles, des fleurs, des mousses, tout ce que peut trouver dans la nature un promeneur attentif.
Dès lors ses oeuvres sont des constructions légères sur lesquelles le regard ne vient pas buter comme il buterait sur un objet clos : il les traverse. Ce sont des constructions qui n’imposent pas leur masse, leur volume ou leur opacité à un site naturel. Elles se fondent au contraire dans la nature, à peine lisibles parfois, plus proches du dessin dans l’espace que de la sculpture.
Un art qui approche ainsi la nature et les matériaux, d’une façon non violente, est bien l’art d’une époque qui sait que la nature est menacée. L’art de Nils-Udo se met à l’unisson de la nature et fait ce qu’elle-même fait : déplacer les objets, les réassembler comme le fait le vent qui emmène les feuilles et les pollens ou comme le fait l’eau qui crée parfois dans le cours des rivières des assemblages étranges de pierre et de bois. Créer des jeux de lumière, des transparences, des jeux de formes (et dans l’installation dont la photographie est le témoin, le jeu des horizontales et des verticales, la rencontre de la pierre dure et de la mousse tendre). Ne jamais fixer cela dans le bronze ou le marbre, mais le laisser vivre et subir les assauts du temps. Faire de l’art loin des lieux qui lui sont consacrés et en ramener ces témoignages photographiques comme pour dire que l’art n’est pas forcé d’imiter les produits de l’industrie. Un art d’apaisement en somme.

Julia Garimorth