Claude VIALLAT

Né en France en 1936 – Vit en France

A la fin des années 60, Claude Viallat est l’un des fondateurs du mouvement d’avant-garde Support-Surface. Avec d’autres artistes, comme Daniel Dezeuze, Marc Devade, Toni Grand ou Jean-Pierre Pincemin, il travaille à la remise en question du langage pictural. Ces artistes cherchent à briser les règles traditionnelles de la peinture en déployant des questionnements qui les amèneront à travailler sur des toiles libres suspendues, sur des châssis non entoilés et sur tous types de matériaux. Claude Viallat décide rapidement de restreindre le langage de ses œuvres à la répétition d’un motif unique. Cette forme, qui pourrait évoquer un haricot, un osselet ou une éponge, n’est ni organique, ni géométrique, ni figurative, ni abstraite. Elle se constitue en motif neutre qui permet à Claude Viallat de se libérer du choix du sujet. Dès lors, sa pratique consiste à jouer sur la disposition de cette forme, sur ses couleurs, sur l’importance du fond, ainsi que sur le support qui la reçoit.

A partir de 1976, Viallat élargit son travail à d’autres supports que la toile. Il commence à peindre sur des matériaux de récupération, stores, vêtements, nappes, bâches militaires, comme c’est le cas pour Bâche Kaki. Le choix de ce support n’est pas anodin et pourrait aller jusqu’à évoquer un épisode étonnant de l’histoire de l’art du 20ème siècle puisque, au cours de la première Guerre Mondiale, c’est aux peintres cubistes que l’on fit appel pour inventer les premiers motifs de camouflage militaire.
L’œuvre Sans titre, réalisée sur une toile de parasol engage quant à elle un questionnement qui concerne tout autant le passage du volume à la planéité que la référence historique. Cette toile de parasol était à l’origine tendue en volume sur des baleines. Son transfert en deux dimensions par Claude Viallat nécessite donc une découpe, matérialisée par la partie manquante. Cette œuvre engage donc le passage d’un volume à une surface plane, ce passage ne pouvant s’effectuer que par l’ajout d’un vide. D’autre part, la présence des franges du parasol induit un rapport au kitsch qui n’est pas sans évoquer le pop art américain, ce que confirme l’origine publicitaire du parasol utilisé. Cette connotation publicitaire (Stella Artois) introduit un dernier élément, sorte de référence humoristique à l’histoire de l’art : l’anagramme de Stella Artois donnerait  » O Stella is art », sorte d’hommage à Frank Stella qui, justement, réalise des peintures bidimensionnelles jouant sur des effets de trompe l’œil donnant une impression de relief.

Jean-Charles Vergne