Dessinateur hors du commun connu en France et à l’étranger pour ses nombreuses bandes dessinées à succès, Li Kunwu présente au FRAC sa nouvelle et spectaculaire exposition : La formidable épopée du Yunnan. En une cinquantaine de dessins grands formats – dont une impressionnante fresque de 21 mètres de long – Li témoigne de cette incroyable aventure qui rassembla au début du 20e siècle plus de 60 000 personnes pour construire « cette voie ferrée sous les nuages ».
Ces dessins retracent la formidable épopée du chemin de fer du Yunnan construit au début du 20e siècle par des ingénieurs français qui avait pour objectif de désenclaver la Chine du sud via le Tonkin (nord du Vietnam), protectorat français depuis 1883. L’adage alors défendu par la Troisième République (1870-1940) sous l’influence de Paul Doumer, gouverneur général de l’Indochine (1897-1902) étant que « la civilisation doit suivre la locomotive ». Sauf que la province du Yunnan était et reste encore l’une des provinces montagneuses les plus inhospitalières de Chine. Mais le défi était lancé !
Maître du lavis à l’encre de Chine, Li Kunwu nous donne à voir avec ce prisme déformant qui fait toute la singularité de son regard l’évolution de ce chantier spectaculaire qui, à force d’ingéniosités et de sacrifices, arriva au terme de sa titanesque mission.
Aux confins du documentaire, du récit graphique, avec ses perspectives déformées proches d’une fulgurante hallucination, le dessinateur nous livre une histoire édifiante et complexe de la condition humaine en marche vers le progrès au tournant du 19e et 20e siècle.
Parmi les hauteurs de cette Chine du Sud circula aussi l’un des ancêtres de nos déplacements modernes : La Micheline, importée par la Compagnie des chemins de fer de l’Indochine et du Yunnan. Des trois Micheline livrées à la Compagnie dans les années 1930, l’une est toujours visible au coeur du musée ferroviaire de Kunming. Li Kunwu souhaitait ainsi lui rendre hommage et remercier aussi la Fondation d’entreprise Michelin, partenaire de l’exposition.
Geneviève Clastres et Philippe Pataud Célérier (Est-Ouest 371)
LE DIVAN DES MURMURES
L’exposition Le divan des murmures réunit une sélection d’œuvres issues des collections du FRAC Auvergne et du FRAC Rhône-Alpes dans une perspective semblable, à la différence notable qu’il s’agit de collections publiques dont les identités spécifiques répondent à l’histoire fort différente des deux institutions. Le FRAC Auvergne, créé en 1985, a dans un premier temps choisi d’orienter sa collection autour de la peinture pour ensuite élargir son champ aux questions relatives aux statuts de l’image (peinture, photographie, cinéma, vidéo). Le FRAC Rhône-Alpes, créé en 1982, est porteur d’une histoire singulière puisque l’institution a fusionné avec le centre d’art Le Nouveau Musée (fondé en 1978) pour devenir l’IAC (Institut d’Art Contemporain, installé à Villeurbanne) en 1998, ce qui lui confère un caractère sans doute plus expérimental. Dans le contexte de la nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes, les deux institutions ont souhaité proposer à leurs publics cet échange de collections sous la forme de cartes blanches mutuelles.
Reste l'air et les formes
Reste l’air et les formes…
Depuis ses études à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg puis au Fresnoy-Studio national des arts contemporains, Clément Cogitore (né en 1983) élabore une oeuvre singulière et splendide de sensibilité et de liberté dans la façon dont il utilise les différents langages offerts par le genre cinématographique pour développer une pensée en apparence très ouverte sur de multiples sujets mais toujours tenue en réalité par quelques grandes questions que l’artiste explore au fil de ses créations.
Ses films traversent toutes les techniques et toutes les catégories pour fonder une oeuvre qui s’enracine autant dans le cinéma et dans le genre documentaire que dans
une somme de pratiques liées aux dispositifs propres à l’art contemporain. En 2015, Ni le ciel, ni la terre, son premier long-métrage fut largement salué par plusieurs nominations au Festival de Cannes ainsi qu’aux César où il est nominé pour le César du meilleur premier film. Simultanément, ses vidéos, installations, films 16mm, documentaires-fiction sont présents dans les lieux dédiés à la création contemporaine – Palais de Tokyo, Centre George Pompidou, MoMa de New York et récemment au BAL, à Paris, où son film Braguino ou la communauté impossible (2017) a fait l’objet d’une transposition sous la forme d’une vaste installation multi-écrans d’une grande beauté avant sa sortie en salles de cinéma.
Les Indes Galantes et Sans titre (Lascaux), acquis pour la collection du FRAC Auvergne en 2017, seront présentés dans l’exposition intitulée Reste l’air et les formes… du 17 mars au 17 juin 2018.