Pascal KERN

Né en France en 1952 – Décédé en 2008

Pascal Kern mêle les possibilités offertes par la peinture, au moyen d’une pratique photographique, dans l’élaboration d’une œuvre exclusivement orientée vers la problématique du volume et de sa représentation dans l’espace. A l’aide d’images photographiques étonnamment frontales, sans arrière-plan, marquées par une saturation extrême, Kern interroge le champ sculptural autour de ses éléments constitutifs essentiels de plein et de creux, de profondeur et de planéité, de masse et de couleur. Il choisit des objets, des matrices ou des moules industriels récupérés ; il les photographie à la chambre, la prise de vue s’effectuant systématiquement à l’échelle 1/1, le tirage ne faisant ensuite l’objet d’aucune intervention de l’artiste. En définitive, les sujets photographiés à l’échelle de la réalité, tirés sur cibachrome, sont encadrés avec le matériau qui les constitue (bois si l’objet est en bois, bronze s’il est en bronze…), le cadre perdant alors sa fonction première pour devenir élément à part entière de l’œuvre.
Par ailleurs, les œuvres, disposées en polyptyques, à l’instar de la pièce Les Avatars, établissent immédiatement un certain nombre de corrélations avec l’usage de cette présentation dans la peinture classique. Cependant, si cette dernière en use à des fins narratives, avec Kern il n’en est rien car le polyptyque est paradoxalement mis au service d’une réflexion sur la sculpture. Kern perçoit le moule comme sculpture potentielle, à l’état de latence. Le plein du moule suggère le vide qu’occupera l’objet moulé ; son vide suggérant, à l’inverse, le plein de cet objet en devenir.
Par la permanence du retournement de la forme, par l’omniprésence de l’empreinte, du moule, du négatif et du positif, Kern est un sculpteur, un sculpteur du sens plus que de la matière, qui met à profit la séduction des images et les divers héritages légués par l’histoire pour élaborer une œuvre nuancée, vertigineuse, subtile.