Silke OTTO-KNAPP

Née en Allemagne en 1970 - Décédée en 2022

L’aquarelle sur toile de Silke Otto-Knapp, exécutée en 2013, renoue en employant d’autres moyens avec un sentiment de sublime fortement rattaché à une tradition pluriséculaire de la peinture allemande, sentiment de que le philosophe allemand Edmund Burke qualifiait par « une sorte d’horreur délicieuse, une sorte de tranquillité teintée de terreur » dans sa Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du beau paru en 1757. Les peintures de Silke Otto-Knapp sont des jus aquarellés gris et noirs exécutés sur des toiles préparées. A la différence d’aquarelles traditionnellement réalisées sur papier, qui interdisent la moindre reprise, l’application de ce médium sur toile permet de revenir sur ce qui a été peint, d’effacer, comme on le ferait avec de la peinture à l’huile. Ainsi, les représentations de paysages, d’îles, de danseurs – qui constituent les sujets de prédilection de l’artiste allemande – sont-ils peints en employant l’effacement comme véritable technique de révélation progressive des images. Les paysages marins qu’elle réalise en 2013 sont particulièrement adaptés à la liquidité du médium utilisé. La lumière s’y répand, crépusculaire et subtile, conférant aux œuvres une atmosphère de rêverie romantique qui n’est pas sans rappeler certaines peintures d’Edward Munch ou de Leon Spilliaert. Mais l’analogie la plus évidente, sans doute, est celle que l’on pourrait établir entre ces paysages maritimes et des vues photographiques anciennes – daguerréotypes, cyanotypes, vieux négatifs noir et blanc. Cette analogie en dit long sur le pouvoir mémoriel de ces peintures qui se constituent autant en faux témoignages d’images anciennes qu’en souvenirs à réactiver par le regardeur.