Marie ZAWIEJA

Née en France en 1972 - Vit en France

Il y a, dans la peinture de Marie Zawieja, un répertoire hétérogène de sujets : des objets mystérieux recouverts de méandres roses, des simili paysages aux teintes orageuses héritées du Romantisme allemand, des cônes barbapapesques aux volutes trop sucrées, des arabesques vraiment abstraites, des représentations rurales en pochades exquises, des représentations de fenêtres où s’inscrivent des formes aberrantes… bref, c’est peu dire que cette peinture balaye large, du plus abstrait au vraiment figuratif, de l’analogue à l’évident, du suggéré au très nommé, même s’il semble y avoir presque toujours pour soubassement une chose vue ou perçue. Comme l’écrit l’artiste : « Je peux commencer à peindre en partant d’un dessin réalisé à la montagne, à la mer, dans une friche, sur un chantier, à la campagne. Ce dessin est déjà marqué par la déambulation, la perception, la distorsion. (…) Ce dessin, cet objet de peinture, est projeté mentalement sur la toile, seulement ici je peins. Toute la différence est là. La couleur n’est pas une ligne, ni un aplat. Une couleur en appelle une autre. S’organise dans l’espace du tableau une sorte d’écho de couleurs et de gestes. Tantôt la couleur soutient le geste tantôt le geste brouille la couleur. Les formes sont distordues par le geste et le contraignent également. C’est un jeu d’équilibre de forces qu’il me faut organiser. Et ces distorsions s’appuient sur le paysage recomposé¹. »

Il y a, dans la peinture de Marie Zawieja, une collection hétérogène de manières de peindre et de surfaces picturales : petits jus pour un objet frontal, peinture en éclats d’artificier, saturations de gestes différenciés dans des tons agressifs, peinture très empâtée dans une gestuelle radicalement simple, subtilité des gris colorés dans des petits formats élégants, peintures d’effets, peinture plus liquide et au rendu sommaire rappelant les notes elliptiques… bref, c’est peu dire que cette peinture, outre sa virtuosité, s’essaie à rendre compte d’une somme des possibles qu’a été la peinture et qu’elle est encore aujourd’hui et, au-delà de ce qui pourrait ressembler à un catalogue d’effets, il y a l’idée qu’une perception se doit de trouver son équivalent juste et ne pas être rabattue à un style : « Méandre d’un rose sur du jaune derrière lequel transpire du gris : la peinture. Également les traces de sauce tomate sur des assiettes à fleurs, paysages réinventés, bousculés, recommencés. Un imaginaire se déploie à l’infini dans les plis empilés². »

Il y a, dans la peinture de Marie Zawieja, une tentative pour tenter de rendre compte des différences de perception dans des différences de peinture, une tentative pour faire de ces choses des percepts et, cela, peut-être seule la peinture est capable de le faire.

Eric Suchère

¹ Marie Zawieja, Collection de notes, livret 0, Toulouse, édité par l’artiste, 2013, n. p.
² Ibid.