IVAN SEAL / THE CARETAKER – Everywhere, an empty bliss

Du 6 avril 2019 au 16 juin 2019

Cette exposition réunit le compositeur de musique électronique James Leyland Kirby, alias The Caretaker, et le peintre Ivan Seal. Ces deux artistes engagent une réflexion commune sur la question de la mémoire, ses errances, ses vacillements, ses dysfonctionnements.

James Leyland Kirby bâtit une œuvre musicale tournée vers l’exploration de ces notions, en s’appuyant sur les analogies qu’entretiennent les techniques de la musique électronique avec les mécanismes cérébraux du souvenir : phénomènes de boucles, de répétitions, montages et remontages anarchiques de données sonores et mémorielles. Avec les six albums d’Everywhere At The End Of Time conçus de 2016 à 2019, il pousse ses recherches sur les symptômes mémoriels en disséquant les différentes étapes menant à la folie. Son alter ego, The Caretaker, se perd peu à peu dans les méandres et les labyrinthes imbriqués d’une mémoire défaillante jusqu’au chaos.

Quant à Ivan Seal, sa peinture s’élabore selon un processus fondé sur le ressouvenir de peintures précédemment réalisées ou de souvenirs lointains. C’est une compilation hybride de souvenirs conscients ou inconscients issus de l’enfance, d’objets ou de peintures qui resurgissent sous la forme d’agglomérats, de montages de motifs provenant de sources diverses.

Cette exposition s’inaugurera quelques jours après l’ultime parution du sixième et dernier volume du cycle Everywhere At The End Of Time, marquant aussi, peut-être, la disparition définitive de The Caretaker, cet avatar créé par James Leyland Kirby vingt ans plus tôt.

Autres expositions cette même année

Les images sont inadmissibles - Rencontre entre les collections du FRAC Auvergne et du Musée Mandet

Musée Mandet

La confrontation entre art ancien et création contemporaine est toujours riche de sens. Ces rapprochements sont souvent l’occasion de constater à quel point certaines thématiques ou certains questionnements traversent l’histoire de l’humanité et de ses représentations. Dans cette optique, le musée Mandet accueille, pour la première fois, un ensemble d’œuvres du FRAC Auvergne.

L’exposition se veut une interrogation sur la nature des images, leur fonctionnement, leur éventuel détournement, ainsi que sur les conditions sensibles et psychologiques de leur réception. Il ne s’agit pas ici de prétendre à l’exhaustivité. L’intention est plutôt de décaler nos regards, de tenter d’analyser ce que les images produisent sur nous mais aussi de mieux comprendre comment notre perception et nos déterminismes en modifient le sens à l’heure d’internet, de l’information continue et instantanée, ces questions, très anciennes, sont devenues centrales dans nos débats de société.

Les images sont inadmissibles… C’est certainement le cas si l’on attend d’elles qu’elles soient un calque parfaitement objectif et impartial de la réalité. Sans doute les images sont-elles inadmissibles dans la mesure où elles ne traduisent que très rarement «ma» réalité mais plutôt «une» réalité. Une transmutation s’est opérée. Dans cette sorte d’alchimie, la réalité se trouve nécessairement métamorphosée : quand je suis face à l’image je ne suis pas face au réel. Beaucoup d’œuvres sont par ailleurs décontextua-lisées : dans quel lieu se trouvait cette peinture religieuse ? à quelle époque a-t-elle été créée ? Avec quelle intention a été prise cette photographie et où a-t-elle été publiée ? à qui et à quel lieu était destiné ce portrait ?…

Quelle que soit l’époque, les images peuvent aller jusqu’à la transgression, la subversion et l’on a vu que notre monde contemporain n’échappe pas toujours à leur condamnation. Cette exposition est aussi l’occasion de souligner que, souvent, l’image vaut pour ce qu’elle représente. Faire violence à l’image est déjà porter atteinte à son prototype. Trouver une image inadmissible c’est aussi se positionner face à sa culture, ses croyances, ses convictions… L’image fonctionne comme un miroir, elle me renvoie, de façon plus ou moins déformée, à ma propre identité.

Si les images sont inadmissibles, c’est peut-être que, le plus souvent, leurs intentions définitives nous échappent. La multiplicité de sens que nous percevons en elles fait que les images ont toujours été sujettes à caution. Elles ont pu provoquer la méfiance voire le mépris et susciter des accusations de séduction et de tromperie. Cependant, et l’exposition tente de le montrer, nous ne sommes pas toujours dupes. Face à la fable de l’image, bien souvent, nous suspendons volontairement notre incrédulité. Il existe un pacte fictionnel entre nous et les représentations du réel. Par ailleurs, notre sens critique peut être convoqué par l’image elle-même lorsqu’elle met en scène les ressorts de sa construction et finit par révéler ses propres artifices. Et même lorsque les artistes nous disent «Il était une fois», nous sommes complices et savons que notre croyance dans la fiction de l’image n’est pas totalement aveugle. Si elle est parfois trompeuse et inadmissible, l’image peut être aussi la pierre sur laquelle nous pouvons aiguiser notre conscience du monde.

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DENIS LAGET

Portraits, vanités, natures mortes, paysages… Denis Laget maintient sa peinture dans les sujets classiques de l’histoire de l’art. Si l’on tente de lister plus finement les séries qui ponctuent cet œuvre depuis environ trente-cinq ans, on trouve : des portraits, des citrons, des crânes, des harengs, des quartiers de viande, des têtes de mouton, des méduses, des paysages, des fleurs, des chiens, des oiseaux, des feuilles de figuier…

C’est une collection à la fois banale et étrange, une sorte de cabinet de curiosités, où rien d’extraordinaire ou de spectaculaire ne s’impose. Est-ce à dire pour autant que tous ces sujets sont aléatoires, de purs prétextes à peindre, des images-supports sans signification et sans enjeu en soi ? La question renvoie au statut complexe du sujet en peinture et demande de dépasser les antinomies simplistes, soit l’alternative entre une représentation bavarde ou «symbolarde», selon le mot de Claudel, qui ravalerait la peinture au rang de médium et une indifférence ou transparence absolue du sujet qui, seule, permettrait l’assomption de la Peinture, regardée elle-même comme une puissance métaphysique qui ne saurait s’annexer à aucune imagerie sans se compromettre et se limiter. Même des artistes comme Gottlieb, Newman et Rothko, qui allaient devenir les hérauts d’un sublime aniconique, n’ont pas évacué la question du sujet, eux qui déclarèrent : «Il est largement admis chez les peintres que peu importe le sujet, du moment qu’il est bien peint. C’est de l’académisme pur. Il n’existe pas de bonne peinture de rien». Il n’est donc pas inutile de rappeler cette évidence : un (bon) tableau ne se limite certes pas à illustrer un thème ou une anecdote, mais, pour autant, le sujet n’est jamais insignifiant.

Pourtant, s’ils ne sont pas insignifiants, chez Denis Laget, les sujets ne signifient rien. Même s’il est possible d’en faire une interprétation allégorique, celle-ci demeure fondamentalement ouverte et, si elle enrichit les tableaux, elle ne réduit pas la portée de la peinture. Les associations, les évocations et les références sont suggérées, comme dormantes, en germe, mais elles ne s’imposent jamais comme des clefs permettant d’accéder au fin mot de la peinture, précisément parce que la peinture n’est pas affaire de mots, ou à tout le moins parce que ceux-ci ne permettent pas de se débarrasser de celle-là. S’il y a énigme, c’est une énigme constitutive de la peinture, aucunement un simple rébus, et sans doute faut-il voir là un refus du didactisme qui prendrait l’oeil du regardeur par la main pour l’amener trop vite à la cervelle.

Itinérance de l’exposition Denis Laget
Musée des Beaux-Arts de Rennes – 26 octobre 2019 / 9 février 2020
Musée Estrine de Saint-Rémy-de-Provence – 14 mars 2020 / 7 juin 2020

 

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