Claire TABOURET

Née en 1981 en France - Vit et travaille à Los Angeles

Les peintures de Claire Tabouret se manifestent dans l’inquiétante étrangeté qui émane de leurs sujets. Ses portraits d’enfants ou de groupes d’adolescentes dont les regards apparaissent tour à tour effrontés, vagues, fermés, arrogants, laissent planer sur ces peintures un doute quant au sens véritable qui est le leur. Il y a notamment, dans Les Filles de la forêt, quelque chose qui emmène aussi bien du côté du film Virgin Suicides de Sofia Coppola (1999) que des histoires de sorcières et de fantômes de notre enfance. Ces jeunes adolescentes toisent littéralement le spectateur et pourtant leurs regards sont ailleurs ; elles nous regardent mais ne nous voient pas, elles semblent projeter leur vision derrière nous, comme si nous leur étions transparents et, simultanément, elles donnent l’impression de n’être que de pures introspections. Elles expriment l’attente, elles sont dans le tableau, pas dans la réalité ; elles sont tellement dans le tableau que leurs cheveux se mêlent aux coulures de la peinture comme pour rappeler qu’elles ne sont qu’illusion, une illusion qui néanmoins nous frappe de plein fouet. Il en va d’une relation semblable – ambiguë et dérangeante – face au second tableau, petit format issu de la série des Mangeurs. Avec son nourrisson au visage maculé d’une purée verdâtre, la peinture peut tout autant être vue comme l’image d’une scène infantile très banale que dans la représentation quasi médicale d’une infection dermatologique.

Jean-Charles Vergne