Cette exposition marque le retour du Fonds Régional d’Art Contemporain Auvergne au Musée Crozatier et présente une sélection de trente œuvres acquises par la collection du FRAC sur la dernière décennie. Les œuvres réunies pour le Musée Crozatier posent la question du regard que nous portons sur l’art, de l’ambigüité du sens lorsqu’il s’agit de lire une œuvre d’art, d’en produire une interprétation.
Comment lire de manière univoque la danse sublimement filmée par Clément Cogitore, inspirée du hip-hop et du krump mais exécutée sur un air du 18e siècle par des danseurs plongés dans un état proche de la transe chamanique ?
Comment interpréter le fait que les frères jumeaux Gert et Uwe Tobias puisent autant dans la peinture flamande que dans les techniques anciennes de gravure sur bois pour produire, ensemble, des œuvres toujours éditées à deux exemplaires ?
Que dire des dessins de Sandra Vasquez de la Horra, imprégnés de culture religieuse et de folklore sud-américain?
Que penser du romantisme exacerbé des peintures de cieux de Gerald Petit ou de ces mains peintes à la manière d’études anatomiques du 18e siècle ?
Comment situer les hybridations qui constituent sculptures de Michel Gouéry ou de Keith Sonnier – art grotesque et science-fiction pour le premier, sculpture africaine et néon pour le second ?
Ce que montrent ces oeuvres est la survivance de formes anciennes qui constituent le terreau de l’acte de création. Cet enracinement est celui de l’art actuel confronté à son incessant dialogue avec celui du passé.
Jean-Charles Vergne
Directeur du FRAC Auvergne
SARA MASÜGER
La pratique de Sara Masüger est sculpturale, exclusivement orientée vers la représentation de corps et de fragments de corps qu’elle réalise en acrystal (un polymère dont l’aspect fini ressemble au plâtre), étain ou aluminium. Tous les éléments corporels visibles dans ses sculptures sont à l’échelle 1 et son œuvre ne comporte ni dessins, ni esquisses préparatoires, cette absence se justifiant par la source unique de toutes ses créations, son propre corps, dont les moindres parcelles servent de matrices depuis des années à la réalisation des sculptures. Les héritages et filiations sont assez évidents et clairement affirmés par l’artiste qui, sans la moindre hésitation, clame son admiration pour les œuvres d’Alina Szapocznikow, de Louise Bourgeois ou de Hans Bellmer. Mais s’il semble a priori aisé de trouver dans la pratique de Sara Masüger des analogies formelles avec ces artistes, force est de constater que ses sculptures empruntent d’autres voies – d’autres voix serait d’ailleurs un terme plus opportun tant le langage occupe une importance essentielle dans ses œuvres, trouvant dans les représentations corporelles de véritables chambres d’écho au verbe et aux modalités d’expression sémantique dont le corps n’est qu’une émanation.
L'invention d'un monde - Photographies des collections Robelin
Martin Parr – Natacha Lesueur – James Welling – Jochen Gerz – Stephen Wilks – Thomas Struth – Thomas Ruff – Éric Poitevin – Elger Esser – Bruno Serralongue – Stéphane Couturier – Xavier Zimmermann – Thomas Schütte – Annette Messager – Jochen Gerz
Pour leur première collaboration, le FRAC Auvergne et l’Hôtel Fontfreyde – Centre photographique ont souhaité proposer à Anne-Marie et Marc Robelin d’exposer une partie de leur collection, élaborée depuis plusieurs décennies par ces passionnés d’art. Ce choix s’est naturellement effectué à la suite d’une remarquable donation d’une trentaine d’œuvres que la famille Robelin a choisi d’offrir au FRAC Auvergne en 2016, présentée ici pour la première fois au public.
L’acte de collection répond à des mécanismes forts différents selon qu’il s’agisse de bâtir une collection publique, comme le fait le FRAC Auvergne, ou de réunir un ensemble d’œuvres à des fins privées. Si la collection publique obéit à une volonté de dessiner un panorama le plus diversifié possible autour d’une identité définie, la collection privée se constitue selon des processus déterminés par d’autres facteurs.
La famille Robelin a depuis longtemps entretenu des liens d’amitié privilégiés avec les artistes présents dans sa collection. Ces liens, fondés sur les affinités humaines autant que sur l’admiration artistique, ont guidé leurs choix autour d’artistes vis-à-vis desquels ils ont souvent souhaité maintenir une fidélité indéfectible, acquérant leurs œuvres au fil des années jusqu’à constituer des ensembles exhaustifs de chacune des périodes de tel ou tel photographe, peintre ou sculpteur. La vision commune d’Anne-Marie et Marc Robelin, lorsque l’on évoque avec eux leur collection, est portée par le désir de vivre avec les œuvres, d’établir avec la création actuelle un dialogue sensible et profond, d’accompagner leurs vies par ce monde, inventé par les artistes et réinventé par la relation affective que ces collectionneurs entretiennent quotidiennement avec les œuvres qui les entourent.
C’est un honneur pour nos deux institutions de présenter ces œuvres réunies par une famille de collectionneurs et léguées pour partie à une collection publique afin que le plus grand nombre puisse désormais en bénéficier en toute liberté.